13 janvier, 2025
Wittgenstein pornographe ?
Dans une tentative de dire quelque chose, on oscille (variablement) entre un formalisme (une poétique – la poiêsis c'est-à-dire une fabrication) et un mysticisme (dont « communiquer » fait partie de façon brute ou, en fait, absolue). La raréfaction décriée du langage (en tant que ré-flexion) n'est en fait liée qu'à la raréfaction de nos trivialités (nos façons d'être au monde ou expériences de vie)..
Insister sur la grammaire revient à forcer l'exactitude de la physionomie de la chose à dire. Ainsi d'une anatomie ordinaire on retourne aux « écorchés » d'Honoré Fragonard (non pas Jean-Honoré son cousin germain).
En fait, pour vraiment dire quelque chose (un état du monde), il faudra être étranger à la lange dans laquelle on prépositionne. Être même étranger à sa propre langue, sans prétendre pouvoir définir une seule équivalence (un compromis) avec les autres..
« There's a girl, I used to know ».
Donc : je « connaissais » (I used to know) une fille. Etc.
Point de vue d’un fennec.
Je suis sorti de là. Le poil ébouriffé, les pattes engourdies. J’ai tendu le museau et n’ai senti que la torpeur. Je me suis dressé et d’un saut agile me suis extirpé. Il y avait une masse ocre et d’or. Partout, partout. Silencieuse, et lourde, avec cette densité minérale qui éprouve tous les sens de l’organisme. Avec cette luminosité solaire qui empêche de voir distinctement. Le sable s’écrasait de tout son poids sur les quelques rochers de basalte noir qui sortaient de son ventre. En ces saillies on avait l’impression que le sable s’ouvrait puis se refermait derrière mes pas. Comme ça, sans arrêt. Les rochers semblaient reposer sur une ondulation sans bruit, calmes, immobiles, éternellement. Les plus petits recouverts n’attendaient rien, ne pensaient rien. Les plus massifs effrontés se dressaient hirsutes vers le bleu du ciel, tendus vers l’impossible. C’était anonyme. Le soleil, le ciel, le sable, les rochers. Aucun d’eux n’avait encore de nom. Chez nous, vivants de passage, personne ne s’était levé et n’avait pointé son index pour désigner ce qui était là et serait encore là après le mot. Le monde était déjà complet. Pourtant, il n’avait pas de nom. Tout le monde était aveugle aux noms, car tout le monde voyait la vie. C’est à ce moment là que je les ai vus. Là bas de l’autre côté de la pente inclinée où je me tenais. Masqué par ces quelques arbustes, dont mordre l’écorce vous abreuve de fraîcheur. Ils étaient deux, affairés et manifestement tendus sur la carcasse métallique de ces choses artificielles et laides qui parcourent notre espace. Le corps de l’un était allongé sous l’objet, tandis que l’autre s’inclinait, tenant au bout de ses membres des objets qui reflétaient une lumière bleue. J’ai compris en voyant les longues traînées qui étrillaient le sable en toute direction, qu’ils faisaient partie de ces bipèdes aux circulations répétées. Toujours dans le même axe. Comme si leurs parallèles se rejoignaient en un point imaginaire. Je me suis approché en sablant sur mes pas. Le poids de mon corps s’enfonçait tendrement dans le sable. Mon pelage à la chromatique du lieu me rendant invisible à leurs yeux. J’avais senti. Mon instinct attiré par l’exhalaison des rebuts de carne. Et surtout de l’eau qu perlait de l’arrière de la carcasse inanimée. Imparable. Accoutumé aux mélodies incompréhensibles de leur chant, j’ai rythmé au velours sable, mon avancée progressive.
- Marco. C’est bon j’ai repéré la fuite . C’est le carter de gaz-oil ! Pas de brèche ouverte, mais il suinte.
- Putain, le passage sur le fesh-fesh à la sortie de Kita. Quand on a entendu un choc violent sous la voiture…
- Attends, passe moi la clé plate de douze et ta lampe frontale. que je regarde mieux
- Tonio, il nous reste encore 290 bornes jusqu’à Nema. Et le dernier bidon d’essence est vide. On n’y arrivera jamais.
- Marco, bordel, vérifie le cric ! J’ai l’impression que la bagnole s’affaisse.
- Non c’est bon. Le cric est sur la plaque. Comment on fait Tonio ?
- A la mode routiers algériens. Découpe moi des morceaux de savon de Marseille. Et imbibe les d’eau. Sors moi les Hollywood qui sont dans la boite à gant. Ça va le faire !!! A Kita on trouvera mieux.
J’ai distinctement vu le plus petit des deux s’incliner avec un objet étrange et laisser un filet d’eau couler sur ses mains, tout en malaxant une pâte ivoire. Comment pouvait-il faire ça ? Laisser couler la vie aussi simplement sans la boire ? Une mare qui s’enfonçait inexorablement dans le sable, la brunissant jusque dans ses exhalaisons de vapeur humide. Il le fallait. Approcher encore plus, gratter et lécher… Le pur instinct. C’est à ce moment là que j’ai vu sa silhouette s’approcher. Il venait de si loin. Sa démarche était chancelante. Vêtu d’un tas de guenilles, la peau du visage ébène brûlée par le soleil, tee-shirt crasseux, pantalon déchiré aux genoux et d’étranges poches de plastique qui entouraient ses pieds, aux plaies apparentes sur les orteils. Quand il fut à la hauteur des deux autres, j’interrompais ma reptation prudente. Plus d’eau, le sable était redevenu or et brûlant.
- Salam.
- Salam
- Any problem ?Where do you come from ?
- Do you have a little bit water ?
- Of course ! Have some… Are you alone ?
And where do you come from ?
- From Nigeria.
- Nigeria ? But it’s such a long way ?
- I know, i have been walking and hitch-hiking f
or more than 3 months, now.
- And where are you going ?
- Till La Haye, in Nederland. I know people over there.
- But it’s more than 3000 kms.
-- Of course, i know, but i won’t go home any more.
I need to survive. I shall walk till the end. I just need water.
Je les ai distinctement vu s’asseoir en arc de cercle comme le font les sapiens sapiens. Celui qui s’était extrait de sous la carapace métallique, se frottait les mains dans le sable et son regard semblait médusé. Ils ont continué à parler longtemps et je voyais à nouveau la vie s’écouler de leur lèvres, à chaque fois qu’ils relevaient la tête en arrière. Ils ont parlé encore puis, se sont tus. Seule la gourde tournait entre leurs mains. Puis le bipède à la peau noire s’est relevé, a noué à sa ceinture un petit jerrican qu’on lui tendait, et il a enlacé les deux autres fermement. Sans se retourner, il a repris sa trace. Ma pupille dilatée fixait celui qui s’éloignait, quand ma langue desséchée lorgnait encore les traces de vie liquide aux pieds des deux autres sidérés par l’audace !. Peu à peu la silhouette de l’homme ébène devint délétère et floue, dilatée par la température du zénith. Je sus que j’allais plutôt le suivre. Lui. Car dans son rythme même, je ressentais la présence retrouvée de l'écorce terrestre. Au ras de laquelle - comme mes semblables- il allait vivre, marcher, se déchirer les extrémités des membres dans la caillasse, s’asseoir, se coucher, dormir à même le roc En conservant avec le sol un contact direct, sans intermédiaire. Une existence animale, brute, collée au sol, cette fraternelle cohabitation avec toutes les bêtes, dans les rangs desquelles certains sapiens sapiens savaient retrouver leur origine. Car dans chaque arrêt, dans l'immobilité retrouvée, la tension physique de l'effort soudainement relâchée, c'était la sensation merveilleuse d’exister simplement. Au moment où traversant la dune qui me permettrait de suivre le marcheur à distance, j’entendis le bruit sonore de la machine roulante qui partait à l’exact opposé. J’étais né là dans cet endroit que les bipèdes appellent désert, mais qui est beau parce qu'il ne ment jamais.
Confort et Aventure : Enfoncés, les Romantiques - (Extraits)
8.
Ainsi chaque époque se constitue autour d’une orthodoxie. Elle érige les règles non pas seulement d’un « bien pensé », mais bien plus d’une pensée « moyenne ». D’une pensée commune et donc obligatoire ne serait-ce que pour s’exprimer. Les règles d’un groupe ordonné et ordonnant : un ensemble installé qui nous donne corps. Non pas tant un corps légitime mais essentialisé. L’orthodoxie peut donc évoluer selon les révolutions ou les restaurations, mais elle est et restera l’hégémonie constituée et constituante de toute une génération. Toute pensée hétérodoxe est ainsi vouée à se développer en miroir de son orthodoxie. Alors qu’elle tend toujours de s’en échapper, elle risque à son tour de la remplacer. On ne pense jamais par-delà, toujours en deçà. Si la marque par excellence d’une pensée réellement critique est, de fait, sa démarque1, alors elle devient donc impossible au moment de l’actualité qu’elle dénonce. De fait, la tragédie de toute condition critique est de ne pas choisir son époque et donc de devoir penser avec elle.
8-bis.
L’orthodoxie peut être qualifiée de pensée « moyenne » en ce sens où elle est relative à la survie. Non plus peut être exclusivement celle de l’espèce, mais plutôt celle d’un système – celui, bien sûr, auquel elle se consacre et qui la préserve. Dans un tel raccourci (correspondant autant à une histoire des idées qu’à une histoire des comportements), il faut noter que souvent les ruptures cachent avant tout des continuités. La domination de quelque uns sur beaucoup d’autre en est une. Il ne faudrait pourtant pas s’y réduire. Ce qui s’avance dans l’orthodoxie est tout aussi sinueux et sourd que nos inconscients et nos ressentiments quotidiens. La santé mentale d’une société dépend fortement de celle de ses propres composants. Aussi, « moyenne », ici, n’est pas qualitatif mais quantitatif. Comme nous le verrons plus bas, ce qui est dit depuis l’orthodoxie, comme ce qui est dédit depuis l’hétérodoxie, passe par le laminoir des réalismes. « Toute idée est rendue plus grossière, plus plate, et se déforme à mesure qu’elle chemine dans le monde. Le monde qui s’en empare le fait en fonction de ses propres connaissances et de ses propres besoins. Dès qu’une vision se transforme en une institution, des nuages de poussière la recouvrent, brouillant ses contours et ses contenus. L’histoire des idées est une histoire des malentendus »
9.
En dehors même des instances médiatiques, depuis chacun d’entre nous, depuis chacune des consciences empêtrées dans l’urgence du monde, l’orthodoxie s’organise comme un « bourbier » qui enlise la critique. « Tout se passe comme si une autre langue s’exprimait dans la parole. Cette autre langue n’est pas la langue qui conditionne l’exercice de la parole et enrichit le sens commun mais la « langue du vainqueur », que tout le monde y compris les « vaincus », adoptent sans y penser »« L’intellectuel » en tant qu’idéologue, en tant que résultat solidifié et culminant, précipité du « bourbier », est la jonction souhaitée de notre société moderne entre la philosophie et la politique. Pour l’orthodoxie, son rôle est éminemment militaire : il attaque ce qui émerge et défend ce qui perdure. Depuis une large tradition professionnelle et culturelle, il s’assigne le droit de penser, non comme « un porc », mais comme un esprit. La matérialité de l’agir n’est chez lui qu’un indice falsifié de la schizophrénie qu’il s’inflige à séparer la théorie de la pratique.
11.
Le summum du paradoxe aura été d’avoir confisqué un usage universel – penser – par le biais de sa technicité. La « théorie » en tant qu’activité productive est dégradée par l’intérêt d’une coterie qui a confisqué une donnée psychologique et physiologique commune à l’ensemble de l’espèce, pour la réduire à une activité spéculative et détachée de toute sa quotidienneté. Le capitalisme aidant, l’économie, constituée en économie politique, transforme la théorie en capital comme pour tout travail qui se respecte. Elle confisque sa valeur d’usage pour la cantonner à sa valeur d’échange. Pour son accumulation, on a constitué des castes continues de scribes, de clercs, d’intellectuels, de chroniqueurs et de « nouveaux » philosophes. Ils amassent et distribuent au moins disant l’autorisation ou l’interdiction d’être écouté.
Où placer la charge dialectique ?
Debord et Bourdieu ont jeté un sort sur la petite bourgeoisie intellectuelle. Et il faut voir dans une certaine frange celle-ci, portée aux effusions métaphysiques, l'expression d'un désensorcellement qui n'en finit pas. Intoxiquée à la critique sociale spéculative, elle donne l'impression d'avoir besoin de raisons toujours plus précises pour haïr ce monde, quand il ne s'agit pas d'accumuler de nouveaux motifs toujours plus renversants les uns que les autres. Pourtant les armes critiques ne manquent pas. Est-il besoin d'en forger de nouvelles alors qu'on ne sait pas user de celles dont on dispose déjà ? Qu'attendre d'un raffinement du jugement ? Nous savons que les capitalistes se goinfreront jusqu'au bout et ne nous dételleront jamais de leur propre chef. Nous savons qu'il n'y a pas de temps morts pour les dominés, ni de lieux sûrs pour qui s'écartent des normes, pédés, gouines, trans, freaks, fainéants congénitaux... Avons-nous besoin de lumières supplémentaires ?
En 1977, le dramaturge Heiner Muller fait ses adieux au didactisme brechtien : ses pièces ne sont plus destinées aux masses mais au théâtre seul. La critique sociale spéculative ne va t-elle pas dans la même direction en devenant une critique pour critiqueur ? Néanmoins, on peut lui prêter une autre fonction et imaginer qu'elle est là pour entretenir une flamme bien fragile. Nous héritons, en effet, d'une des principales tares de la petite bourgeoisie : nous ne savons pas bien diviser le monde en deux. On a pu bruyamment simuler ce savoir en bas-âge, mais le rang a été retrouver. Nous jouissons trop bien de notre situation matérielle. Notre lien authentique à la misère du temps est fatalement éthique et par là nécessairement rare, facilement insincère. Le plus souvent le ressort réel de nos blâmes vient d'une absence de reconnaissance par plus important. Nous mériterions meilleure place. Les relances spéculatives du litige ne sont donc pas à négliger ou à dénigrer en ce qui nous concerne. Plus qu'un forme de pornographie critique soutenant une libido irae chétive, on peut les considérer comme des sermons subtils pour tenir alertes nos âmes trop sophistiquées ou trop équivoques.
Reste que, au-delà de nos cérémonies de réenchantement dans les cercles magiques de la raison, la question pressante est de savoir où placer ces charges dialectique et comment rendre leur négation toujours plus déterminée. L'âpre tâche n'est pas le fait de clercs flottant au dessus de l'abîme mais d'intellectuels organiques étreignant pour peu de gloire la rugueuse réalité. L'immanence de l'opération critique est une exigence qui concerne aussi bien la situation sociale de celui ou celle qui la réalise : pour qui, avec qui, où et pourquoi ?
Un arbre solitaire fait office de verdure.
Depuis l’angle formé par la rue du Couédic et celle du général Boulay, si on lève les yeux on voit un immeuble érigé en 18.. . Il domine la place F. Fournier et constitue avec d’autres bâtiments le corps du passage d’Orléans (1827). En face, de l’autre coté de la place, repose, rescapée des bombardements (1943), la basilique Nicolas (XI et XII siècles). L’espace qui constitue la place a été, comme toutes les ouvertures urbaines, minéralisé. Un arbre solitaire fait office de verdure. On cherchera encore quelques vestiges séculaires au détour des rues marchandes, ou encore des noms et dates évocateurs sur les plaques émaillées sur les hauts murs débordés par les enseignes électriques où les étalages tapent à l’œil. En fait, dans tout ce dédale hygiénique, mi-historique, mi-neutralisé, on reste « au pied de la muraille », comme les rebus statiques d’un monde qui tourne de lui-même et pour lui-même. On se retrouve séparé et négatif, non plus sujet mais objet d’un temps univoque : un présent éternel, pourtant à chaque fois recommencé, celui de la marchandise. Le temps cyclique a été confisqué par ce temps irréversible. Faut-il alors nous débattre et nous élever nous même ?
Dans son Enquète (livre IV, 3 et 4), Hérodote nous rapporte une « épreuve » vécue par les Scythes. Partis guerroyer contre les Cimmériens, ceux-ci retrouvèrent à leur retour aux portes de leur cité une armée prête à en découdre. Cette armée était en fait constituée par les enfants des esclaves qu’ils avaient laissés sur place et que leur épouse avaient pris pour amants (Hérodote écrit : « les femmes scythes […] couchaient avec leur esclaves ») durant leur longue absence. Cette descendance prenait le dessus à chaque bataille engagée par les Scythes. Mais le paradoxe pour eux était de diminuer en nombre en étant tué et de perdre en « gens à [leur] ordre » en tuant. Aussi, ils décidèrent de laisser leurs arcs et leurs lances pour prendre les cravaches destinées à leurs chevaux. « Tant qu’il nous voyaient les armes à la main, ils se croyaient nos pareils et fils de nos pareils ». Face au fouet, ils devaient reconnaître leur indignité et cesser toute résistance. De fait, le stratagème fonctionna à perfection et les Scythes reprirent leur place.
Ce récit, même s’il ne nous informe pas sur le sort que les rebelles et néanmoins fils de leurs épouses reçurent, nous semble, appliquer à notre propre époque, ironiquement habile. Les diverses forces qui nous dominent aujourd’hui n’auraient-elles pas lâché la trique pour la facture. Ce n’est pas je crois la pauvreté qui nous empêche (bien au contraire). Plus sûrement nous avons perdu notre valeur pour celle d’un fétiche de métal ou de papier. Un fétiche beaucoup plus enfoui que nous ne pouvons le concevoir. Ses chaînes déployées sont invisibles et naïves.
Redonnons la parole à Hérodote (livre VII, 152) : « Je ne sais qu’une chose, et la voici : que tous les hommes viennent étaler sur la place leurs fautes particulières pour les troquer contre celles de leur voisin et, quand ils auront vu celles-là de près, ils seront trop content de s’en aller en gardant chacun son paquet ». Que chacun de nous étale sur la place ses empêchements et enfin honteux nous seront trop contents de livrer à nouveau bataille.
Transmuter le dégout en or...
Ecrire et vivre les choses réelles. Tout un programme. Du monde de la guerre, de la barbaque, du sang. Comme deux enfants qui découvrent l’étal du boucher. Et qui savent que seule la poésie leur rendra la force de Prométhée. Pratiquer la philosophie dangereuse. Celle de la communication réelle. Non celle d’Hermes le servile, l’esclave de Zeus.
La honte d’être humain, nous ne l’éprouvons pas seulement dans les situations extrêmes parfaitement analysées par la Critique (digne de ce nom), mais dans des conditions insignifiantes devant la bassesse et la vulgarité d’existence qui hantent les démocratie-marchés. L’ignominie des possibilités de vies qui nous sont offertes, apparaît du dedans dans toute son horreur, toute sa réalité. Sans mots. Il n’y a pas d’autre moyens que de faire ce que la nature nous enjoint d’être: animal.
Nous écrivons quand les salopards ont transformé notre vin en eau - et que nous voulons que l'écriture en fasse de nouveau du vin. Nous écrivons pour trouver la tendresse dans le quotidien. Nous écrivons à cause du plaisir extrême que nous ressentons à le faire.
Nous écrivons pour qu'une lueur transperce les ténèbres. Nous écrivons pour que deux et deux fassent cinq. Nous écrivons pour créer un lieu qui n'a encore jamais existé. Nous écrivons pour combattre la déraison de la logique. Nous écrivons parce que nous sommes liés par le mystère. Nous écrivons pour questionner les faits. Nous écrivons pour nous demander comment ils ont volé les faits. Et nous écrivons pour pénétrer jusque dans les contradictions de ces faits.
Transmuter le dégout en or.
Bientôt dans toutes les bonnes boulangeries....
« Vous ne nous direz pas que nous estimons trop le temps présent; et si pourtant nous n’en désespérons pas, ce n’est qu’en raison de sa propre critique désespérée qui nous remplit d’espoir. Comment donc les hommes font-ils l’histoire à partir des conditions préétablies pour les dissuader d’y participer (…)
(…) D’ailleurs, l’art n’existe pas, sans doute. Il est donc inutile d’en chanter. Pourtant on fait de l’art... Parce que c’est comme cela et non autrement. Well... Que voulez-vous y faire ? (…)
(…) L'émeute tempêtant vainement à ma vitre, ne fera pas lever le front de mon pupitre (…)
(…) La critique doit être la hache qui brise la mer gelée en nous (…)
(…) Etre la dent creuse dans la bouche de Hegel ! »
![]() |
La Muraille - numéro 1871
« Fiat ars, pereat mundus, tel est le mot d’ordre du fascisme, qui, Marinetti le reconnaît, attend de la guerre la satisfaction artistique ...
-
" Le vrai visage de l’histoire n’apparaît que le temps d’un éclair. On ne retient le passé que comme une image qui, à l’instant où e...
-
" Les maîtres de la société sont obligés maintenant de parler de la pollution, et pour la combattre et pour la dissimuler. Car la...
-
" Je ne suis pas surpris de ce que l'aveugle prétende conduire les autres, car, comme lui ne voit pas, il pense que tous sont aveu...







