13 janvier, 2025

Transmuter le dégout en or...

 

Ecrire et vivre les choses réelles.  Tout un programme. Du monde de la guerre, de la barbaque, du sang. Comme deux enfants qui découvrent l’étal du boucher.  Et qui savent que seule la poésie leur rendra la force de Prométhée. Pratiquer la philosophie dangereuse. Celle de la communication réelle.  Non celle d’Hermes le servile, l’esclave de Zeus.

La honte d’être  humain, nous ne l’éprouvons pas seulement dans les  situations extrêmes parfaitement analysées par la Critique (digne de ce nom), mais dans des conditions insignifiantes devant la bassesse et la vulgarité d’existence qui hantent les démocratie-marchés. L’ignominie des possibilités de vies qui nous sont offertes, apparaît du dedans dans toute son horreur, toute sa réalité. Sans mots. Il n’y a pas d’autre moyens que de faire ce que la nature nous enjoint d’être: animal.

Nous écrivons quand les salopards ont transformé notre vin en eau - et que nous voulons que l'écriture en fasse de nouveau du vin. Nous écrivons pour trouver la tendresse dans le quotidien. Nous écrivons à cause du plaisir extrême que nous ressentons à le faire.

Nous écrivons pour qu'une lueur transperce les ténèbres. Nous écrivons pour que deux et deux fassent cinq. Nous écrivons pour créer un lieu qui n'a encore jamais existé. Nous écrivons pour combattre la déraison de la logique. Nous écrivons parce que nous sommes liés par le mystère. Nous écrivons pour questionner les faits. Nous écrivons pour nous demander comment ils ont volé les faits. Et nous écrivons pour pénétrer jusque dans les contradictions de ces faits.

Transmuter le dégout en or.

 


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